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Rémy BELLEAU (1528-1577)
La Cygalle
O que nous t’estimons heureuse, Gentille Cygale amoureuse, Car aussi tost que tu as beu Dessus les arbrisseaux un peu De la rosée, aussi contente Qu’est une princesse puissante, Tu fais de ta doucette vois Tressaillir les monz et les bois.
Tout ce qu’aporte la campagne, Tout ce qu’aporte la montagne, Est de ton propre. Au laboureur Tu plais sur-tout, car son labeur N’offences ni portes dommage N’à luy, ni à son labourage. Tout homme estime ta bonté, Douce prophette de l’été.
La Muse t’aime, et t’aime aussi Apollon, qui t’a fait ainsi Doucement chanter. La vieillesse Comme nous jamais ne te blesse,
O sage, o fille terre-née, Aime-chansons, passionnée Qui ne fus onc d’affection, Franche de toute passion, Sans estre de sang ni de chair, Presque semblable à Jupiter.
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